Sophie Thiriar - Artiste...@I

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Artistic Approach

Artistic Approach How can one express the constant movement of life, this thick sediment in a static work? How can one evoke the inexorable force with which everything adapts itself unrelenting? How can one show the multiple points of view of the same reality, all different and yet, all true?

In addition to her masters in Plastic Arts, the artist is trained in Archeology and Dermatology, both of which are visual and tactile. She talks to us of alterations, layers, coats and views, and also of light.
The earth's crust folds, splits, cracks and explodes under the action of plate tectonics. Covered by sedimentation, and then eroded by wind and water, it covers civilizations or, lets them reappear. On ruins hiding treasures, new constructions are built, new trees grow. If we look well, if we stand back sufficiently, traces of former sites are clearly discernible.
Skin grows constantly, folds, wrinkles, cuts and repairs itself, becomes inflamed, changes colour in the sun. When attacked it bruises, reddens with emotion, wrinkles in water. The texture changes with time and yet, this is the image that we give to others.

In the displayed work, layers of paint are superposed. The drippings dilute and destroy a part of the image, but, in their movements, they create mixtures that bind and unite several zones. Their accumulation builds reliefs to the extent of crusting over. These canvases which have become 'crusts' (a term commonly associated to works of no artistic value) are submitted to brutal breaks and cracking to the extent of crumbling. Some cracks reveal the bare linen canvas or tears, others forgotten colours of underlying layers. However, these destructive and violent phenomena soften the whole and paradoxically, give it solidity.

In Japan, Kintsugi consists of repairing broken objects in porcelain and ceramic by uniting the seams of broken pieces with an application of gold and lacquer. This allows the joint to be highlighted and thus integrated as an historical object. This piece now becomes unique and thus, its' value increased. Kintsugi integrates itself more widely with the philosophy of Wabi-Sabi who value natural evolution, erosion and the beauty that one can feel before the irreparable loss of the present moment.

To magnify certain breaks and cracks of the canvases, the choice here was directed not to gold, but to iridescent paillettes. If gold represents the sacred, the inalterable, thus timeless, then wouldn't the paillettes be associated with kitsch, to handicrafts and the ridiculous? In Europe, they are not considered respectable nor are they respected. They seem to be considered futile, decorative, feminine, appropriate for a scrapbook, in other words, 'a past time'. They are associated with parties, Venetian masks, drag queens, bubbles, to the ephemeral. And yet, aren't bruising, dark circles, wrinkles and tears covered by a pailletted eye makeup in a gesture marked by dignity and courage more than just frivolity?

The multiple facets of paillettes reflect light in all directions. Such are the small pieces of gold found at the bottom of an excavation or an incandescent lava flowing between the black hardened zones, the paillettes flow over the cracks and invade all that they surround. These tiny mirrors reflect the sparkle of the light and scramble it as your angle of view changes. The reflections and shadows projected by the grainy and folded textures do the same thing. Drippings, breaks, cracks and folds produce visual lines of force. Each one of these processes has a consequence on the others, layer by layer. The result forms a vibrant base which becomes a sculpture and which gives the spectator the desire to touch it to better decode it by palpation.

The end result is to put into movement the eye and the intellect of the spectator. In this labyrinthine overabundance of the visual, it is imperatively vital to change points of view, to visually scan the surface to discover new aspects. Figurative images fight actively for their survival to the limit of dissolution and serve as an anchor for the eye when they are decoded. The fundamental question is one of adaptation to inexorable change and the relativity of the value of beings and things.



Démarche artistique

Comment exprimer le mouvement constant de la vie en marche, ce magma créatif, dans une oeuvre figée? Comment évoquer sa force inexorable à laquelle tout s’adapte sans cesse? Comment montrer de multiples points de vue sur une même réalité, tous différents et tous vrais pourtant?

En plus de son Master en Arts Plastiques, l'artiste est formée en archéologie et en dermatologie, disciplines visuelles et tactiles. Elle nous parle de remaniements, de strates, de couches, et de regard, donc de lumière, aussi.
L'écorce terrestre se plisse, se fissure, craque et explose sous l’action de la tectonique des plaques. Recouverte par la sédimentation, puis érodée par l’eau et le vent, elle recouvre des civilisations ou les laisse réapparaître. Sur les ruines recelant des trésors, se bâtissent de nouvelles constructions, poussent de nouveaux arbres. Si on regarde bien, si on prend suffisamment de recul, les traces des sites sont cependant encore décelables.
La peau pousse sans cesse, se plisse, se ride, cède et cicatrise, s'enflamme, change de couleur au soleil. Elle bleuit sous les coups, rougit d'émotion, se fripe dans l'eau. Elle change au cours du temps et pourtant, c'est l'image que chacun donne à voir de ce qu'il est.

Dans le travail présenté, les couches de peinture se superposent. Les coulures diluent et détruisent une partie de l’image mais, dans leurs mouvements, elles créent des mélanges qui relient et unissent plusieurs zones. Leur accumulation bâtit des reliefs jusqu’à l’encroûtement. Ces toiles devenues « croûtes », terme associé communément aux oeuvres sans qualité artistique, sont soumises à de brutales cassures et craquelures, parfois jusqu’à l’émiettement. Certaines fissures révèlent une toile de lin mise à nu ou déchirée, d’autres les couleurs oubliées des strates sous-jacentes. Ces phénomènes destructeurs et violents ré-assouplissent pourtant l’ensemble et lui donnent une solidité paradoxale.

Au Japon, le Kintsugi consiste à réparer les objets de porcelaine ou de céramique brisés en en réunissant les morceaux par une jointure apparente de laque et d’or. Cette action permet d’illuminer la cassure et de l’intégrer à l’histoire de l’objet. Ce dernier devient dès lors singulier, et sa valeur en est augmentée. Le Kintsugi s’intègre plus largement dans la philosophie du Wabi-Sabi qui valorise l’évolution naturelle, l’usure et la beauté que l’on peut ressentir devant la perte irréparable de l’instant présent.

Pour magnifier certaines fêlures et fissures des toiles, le choix s’est porté ici, non sur l’or, mais sur les paillettes irisées. Si l'or représente le sacré, l’inaltérable donc l’intemporel, les paillettes, ne sont-elles pas associées au kitsch, à l'artisanat et au dérisoire? En Europe, elles sont peu respectables et respectées. Elles nous semblent de l'ordre du futile, du décoratif, du féminin, du scrapbooking, bref du "Passe-temps". Elles sont assimilées à la fête, aux masques vénitiens, aux drag queens, aux bulles, à l'éphémère. Et pourtant, les hématomes, les cernes, les rides et les larmes ne sont-ils pas cachés par du fard pailleté, dans un geste empreint de dignité et de courage bien plus que de frivolité?
Les multiples facettes des paillettes renvoient la lumière dans toutes les directions. Telles de petites pièces d’or au fond d’une tranchée de fouille ou de la lave incandescente chatoyant entre les zones noires refroidies, les paillettes débordent des fissures et envahissent ce qui les entoure. Ces petits miroirs font pétiller l'image de lumière et la brouillent lorsque l'angle de vue change. Les reflets et les ombres projetés par le relief plissé et granuleux font de même. Coulures, cassures, fissures et plis produisent des lignes de force visuelles.
Chacun de ces processus agit sur les autres, couche par couche.
Le tout forme un fond vibratoire qui se fait sculpture et donne envie au spectateur de le toucher pour mieux le décoder par palpation.

Le but est de mettre en mouvement l’oeil et l'intelligence du spectateur. Dans cette surabondance labyrinthique de visible, il est quasi vital de changer de points de vue, de balayer visuellement la surface pour en découvrir de nouveaux aspects. Les images figuratives y luttent activement pour leur survie, à la limite de la dissolution, et servent de point d'ancrage au regard quand elles sont décodées. La question fondamentale est celle de l'adaptation au changement inexorable et de la relativité de la valeur des êtres et des choses.

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